Conservatoire de la Triple Donation
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REMY Louis-Hubert
Messages : 1
Date d'inscription : 16/05/2019

historiale - Il n'y a pas que le Brevarium Historiale ! Empty Il n'y a pas que le Brevarium Historiale !

Mar 28 Mai - 16:12
Dans mon ouvrage intitulé : Dossier sur la Triple donation, je cite, p. 185, au sujet du témoignage de Jean Dupuy sur Jeanne d'Arc cette note du P. Antoine Dondaine :

*NOTE ADDITIONNELLE A AFP XII (1942)
XXXVIII, 1948, P. 167-184

PAR
ANTOINE DONDAINE O.P.

Léopold Delisle a publié jadis d'après le manuscrit Vatican latin 3757 un témoignage sur Jeanne d'Arc ajouté au Collectarium historiarum de Jean Dupuy au lendemain de la délivrance d'Orléans, circonstance temporelle qui lui donnait un prix particulier. L'illustre Conservateur de la Bibliothèque nationale n'avait pu toutefois identifier l'auteur de cette très belle pièce, (il le soupçonnait d’être un clerc français attaché à la curie du pape Martin V), ni combler deux lacunes du texte tel qu'il est conservé dans le manuscrit du Vatican . Si dans notre étude sur le dominicain Jean Dupuy nous avons pu restituer le Collectarium et sa précieuse addition à cet évêque de Cahors, présent à la curie romaine au printemps de 1429, il ne nous avait pas été possible d'améliorer l'édition de Delisle. Le dommage se laissait deviner onéreux. La première interruption se situe là où il allait être question de la manière dont le conseil du roi s'était assuré de la qualité de la mission de la jeune lorraine :
« Il me plaît, vient de dire l'auteur, de noter maintenant les moyens employés pour s'assurer qu'on devait avoir confiance en elle » ;
sur quoi un vide de onze lignes.

Puis vient l'annonce :
« En second lieu je veux parler des habits d'homme dont Jeanne tient à se vêtir : à ce sujet trois points sont à faire re-marquer » ;
ici, vide de neuf lignes.

Force nous avait été de respecter ces lacunes. Et cependant, en 1942 déjà, nous n'ignorions pas qu'il avait existé une autre copie du Collectarium historiarum comportant elle aussi le témoignage sur Jeanne d'Arc ; elle était conservée au XVIIIe siècle au célèbre collège Saint-Ildephonse d'Alcala de Henares : peut-être au-rait-elle comblé les vides du premier témoin. Mais qu'était devenu ce manuscrit d'Alcala ? Les circonstances du moment ne nous permirent pas de retracer sa piste . Il nous a été possible de le faire par la suite, de retrouver le témoin, et de découvrir un autre exemplaire du Collectarium avec le chapitre sur Jeanne.

Le manuscrit d'Alcala est maintenant conservé à la Bibliothèque de l'Université de Madrid, sous le numéro 137. En voici le signalement, très sommaire : XVe siècle, parchemin et papier, 329 x 235 mm., fr. 178, écrit sur deux colonnes. Le copiste, « Qui... Ludovicus vocatur... » (fol. 178ra) était fort négligent, et pour comble le volume a beaucoup souffert de l'humidité. Néanmoins le chapitre sur Jeanne d'Arc (ff. 175rb.-.177va) demeure bien lisible ; quoique de médiocre qualité, son texte ignore les lacunes de celui de la Bibliothèque Vaticane et est deux fois plus étendu.

Notre troisième témoin est maintenant à la Bibliothèque de l'Université de Salamanque, n. 2518. Il appartenait jadis au Collège San Bartolomé, 335 (olim 2.D.1 ; VII.F.1), et fut un temps au Palais Royal de Madrid, 237. XVe siècle, papier, 436 x285, ff. 129, 2 col., écrit par un certain Garsias Stephan (fol. 129rb). Le texte est de même étendue que dans le manuscrit de l'Université de Madrid et quelque peu moins négligé. Le témoignage sur Jeanne se situe aux ff. 127rb-129rb .

Les deux témoins espagnols nous ménageaient une surprise. Dans le lieu où le manuscrit du Vatican laissait deux vides totalisant vingt lignes, ceux-là présentaient un développement considérable - cent trente et une lignes de l'édition qui va suivre : lignes 13-115 et 118-147 -, et ce développement était procuré par le célèbre opuscule du chancelier Gerson, le De mirabili victoria, intégré à peu près totalement dans le chapitre additionnel du Collectarium historiarum. Si une telle insertion n'accroît en rien l'intérêt propre du témoignage de l'évêque de Cahors, elle constitue néanmoins une preuve historique fort importante.

Dès le printemps 1429 un parti contraire à Jeanne tentait de la dénigrer dans l'esprit du roi et même à la curie Romaine, où l'Université de Paris l'accusait déjà de sorcellerie. Nul doute désormais que quelqu'un du conseil du roi, ou peut-être l'un des enquêteurs de Poitiers, convaincu de la mission de la jeune lorraine, avait communiqué en toute hâte à Rome le petit traité de Gerson, pour faire contrepoids aux délations de l'Université. Les faits se suivent de fort près. Orléans est délivré le 8 mai ; Gerson écrit à Lyon le 14 mai son petit mémoire sur Jeanne ; Jean Dupuy l'ajoute à Rome en ce même printemps à son ouvrage historique déjà achevé. Nous avions soupçonné l'envoi immédiat à Rome du De mirabili victoria ; la preuve en est faite.
Remarquons que cette acquisition ne diminue en rien la nécessité de conclure à une autre source d'information de Jean Dupuy sur le fait de Jeanne ; le traité de Gerson ne rend pas raison de tout ce que suppose connu le témoignage du dominicain . Nous pouvons même ajouter que l'existence d'une telle autre source devient d'autant plus vraisemblable que la preuve est faite que les amis de Jeanne d'Arc avaient le souci d'informer Rome ; la voie par laquelle est venu l'écrit gersonien a pu acheminer d'autres documents.
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