Du nouveau sur la Triple Donation à Loches

Voici une petite découverte qui relance le château de Loches comme lieu éventuel de la Triple Donation.
Charles et la Pucelle sont ensemble à Loches aux environs du 24 mai jusqu'au 8 juin 1429.
Une date est aussi évoquée : le 2 juin, lorsque Charles donne les armoiries, connues de tous, à Jeanne (armoiries qu'elle ne portera jamais).
On peut donc estimer que la Triple Donation en cette ville pourrait avoir eu lieu entre le 25 mai et le 8 juin, et pourquoi pas juste avant le 2 juin, jour du don des armoiries comme acte de remerciement de Charles à Jeanne.
Dans ce cas, il y aurait eu Triple Donation trois semaines et demi (25 jours) après la victoire d'Orléans, mais avant le retour de Jeanne de Loches à Orléans (9 juin) et donc avant la première victoire de la campagne de la Loire (Jargeau -11 juin).
Il faudrait alors considérer que les informations reçues à Rome par Jean Dupuy, l'auteur du Breviarium Historiale, lui ont été envoyées dans les premiers jours de juin (entre le 2 et le 8 juin) et qu'elles ont été en sa possession entre le 4 et 10 juin, par pigeon voyageur, ou entre le 12 et le 20 juin, par courrier à cheval.
Dans le Breviarium Histioriale, Jean Dupuy ne parle donc pas des victoires de la Loire parce qu'elles n'étaient pas encore engagées au moment de  l'envoi du message qu'il a reçu.

Chouandecoeur

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D'après le livre de l'Abbé Emile Méresse,
Historien - Prêtre du diocèse de Cambrai - Curé de Pois-du-Nord, puis curé-doyen du Cateau Cambrésis.

La Bienheureuse Jeanne d’Arc
Editeur (Cambrai) 1909

Chapitre : Campagne de la Loire (aux pages 123, 124, 125 et 126) :

Pendant toute le durée du siège d’Orléans, Jeanne n’avait cessé d’envoyer au Roi des courriers pour l’informer des événements qui se déroulaient. Le siège terminé, elle avait hâte de lui porter elle-même « les nouvelles de la noble besogne » qu’elle avait accomplie.
D’ailleurs, elle ne pouvait songer à demeurer longtemps avec l’armée dans une cité dont les ressources étaient forcément restreintes.
Le 10 mai, elle partit d’Orléans ; les habitants émus jusqu’aux larmes, « remerciaient humblement leur libératrice et s’offraient à elle avec tout ce qu’ils possédaient ».

Elle se rendit d’abord à Blois, puis à Tours ; le Roi, voulant lui faire honneur, vint de Chinon à sa rencontre. Lorsque Jeanne fut en présence du Roi, elle lui fit révérence ; alors Charles, « ôta son chaperon et l’embrassa en la saluant et, comme il sembla à plusieurs, volontiers l’eût baisée de la joie qu’il avoit ».
« Gentil dauphin lui dit-elle, voilà le siège d’Orléans levé, qui est la première chose dont j’ay eu commandement de la part du Roy du Ciel... Reste maintenant à vous mener à Rheis en toute seureté pour y être sacré et couronné »...

Charles et la Pucelle entrèrent ensuite à Tours , aux acclamations du peuple. Charles y demeura 10 jours ; puis il se rendit avec Jeanne au château de Loches. Le Roi fit grande fête à l’héroïne ; le 2 juin, il lui donna pour blason le lis de France avec la couronne et l’épée.

Selon plusieurs historiens, c’est à Loches que ce serait passée la scène touchante racontée par le Breviarium Historiale.

Jeanne ne pouvait oublier Celui qui l’avait envoyée, le souverain Roi qui venait de sauver la France par son entremise, et à qui seul appartenait toute gloire et tout honneur. Elle savait par révélation que le royaume de France n’appartient pas au Dauphin, mais à Dieu, à Jésus-Christ, Roi du Ciel. Elle demanda à Charles VII le royaume de France. Le monarque ne put se défendre d’un certain étonnement en entendant la jeune fille solliciter une telle récompense. Cependant, il ne voulut pas s’opposer aux exigences apparentes de l’héroïne. Il lui donna pleine satisfaction. Jeanne se fit faire aussitôt par les quatre principaux secrétaires de la Cour une charte du cadeau royal, et, quand les notaires eurent dressé l’acte de donation. Jeanne fit un solennel hommage de la France au Christ. Puis au nom du Christ, elle rendit la France à Charles sur cette clause expresse que le roi mortel sera seulement le lieutenant du Roi immortel et qu’il reconnaîtra tenir de Lui seul le royaume en commende

Après avoir accompli cet acte sublime qui était dans sa pensée depuis longtemps, Jeanne sollicita la permission de continuer sa mission. Les retards qu’elle était obligée de subir la désespérait ; elle savait « qu’elle ne durerait guère plus d’un an » et elle insistait pour qu’on songeât « à bien besogner cette année ». Elle pressait Charles VII de marcher sur Reims. Elle comprenait qu’il ne serait pas aux yeux du peuple le vrai roi de France, tant qu’il n’aurait pas été consacré par l’onction sainte. « Allez hardiment, lui disait-elle, et n’ayez crainte. Tout tournera bien, vous ne trouverez personne qui puisse vous nuire. Vous ne rencontrerez pas d’opposition. »
[etc.]

Évocation rapide du passage à Saint-Benoît sur Loire (aux pages 143 et 144)
Après la bataille de Patay, la Pucelle rentra dans Orléans (19 juin). Elle y fut reçue avec enthousiasme. Les habitants avaient espéré que Charles VII viendrait féliciter publiquement l’héroïne et remercier Dieu par des prières solennelles. Dans cet espoir, ils avaient tendu les rues de draperies et pavoisé leurs maisons. La Trémouille, à qui ces démonstrations déplaisaient, parvint à retenir le Roi à Sully-sur-Loire, un des châteaux qui lui appartenaient ; c’est là que Jeanne dut aller trouver le Roi ; elle fut d’ailleurs très bien reçue. [Plaidoirie de Jeanne pour le Connétable de Richement]
De Sully-sur-Loire, le Roi se rendit à Saint-Benoît sur Loire, puis à Châteauneuf. On tint conseil et, après bien des hésitations, le voyage de Reims fut résolu. On décida que les troupes se réuniraient à Gien.